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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 10:42

Depuis que nous ne pratiquions plus la lutte, les cours d’Education Physique et Sportive étaient devenus un calvaire pour moi, dont j’essayais de me faire dispenser le plus souvent possible. Tout au long de ma première classe de seconde, Damien n’étant plus là pour me choisir, j’étais toujours parmi les derniers sélectionnés par les élèves qui constituaient les équipes de football ou de basket-ball : le vilain petit canard maladroit qui ne marquait jamais de point et avait peur du ballon, c’était moi. L’année suivante, pour ma deuxième « chance » en seconde, les choses s’étaient un peu arrangées, puisque Cédric me prenait systématiquement dans son équipe, en contrepartie de quelques remarques, dont il avait le secret, chuchotées à mon oreilles, du type : « T’as intérêt à marquer un but, p’tit pédé ! »

Les premiers cours d’E.P.S. en classe de première furent marqués par une épreuve d’endurance très pénible dont j’ai depuis oublié le nom. Il s’agissait de courir par groupe, franchissant des paliers à partir desquels il fallait aller de plus en plus vite. Objectif : rester le dernier debout. J’avoue que, contrairement aux sports d’équipe, j’appréciais ce genre d’exercice qui, comme pour la lutte, permettait à ma volonté et à ma force nerveuse de compenser ma maladresse. Mon secret ? Rien de plus simple : j’ignore la douleur, les points de côté et je dois continuer, sous peine de m’infliger des sanctions que je me promets de mettre à exécution par la suite si j’échoue. J’avais appris cela de Julien Sorel, le héros du roman de Stendhal, Le Rouge et le noir.

Tandis que je commençais à manquer de souffle, aux voix des quelques filles que je connaissais de l’année précédente et qui m’encourageaient, se mêla celle d’un garçon qui ne m’était pas encore familière. C’était Mathieu qui me supportait en scandant mon prénom. Je restais toujours résolu à l’éviter : on ne fréquente pas un si beau mec quand on veut réfréner ses envies homosexuelles. Cependant, je ne pouvais me résoudre à plier l’échine devant le dieu des éphèbes et, à mes propres injonctions mentales, s’ajoutèrent le désir d’être admiré en vainqueur par le bienveillant Mathieu. C’est ainsi que je remportai l’épreuve.

Lorsque ce fut à son tour de courir, je l’encourageai également, oubliant pour quelques minutes la distance que je tenais à faire perdurer entre nous. C’était l’encourager doublement, d’une part à gagner l’épreuve, d’autre part à  se rapprocher de moi.

Au cours suivant, en mathématiques, il vint me demander la permission de s’asseoir à côté de moi. J’acceptai de bonne grâce, touché notamment par son côté fragile. Il faisait bien une tête de moins que moi et paraissait étonnamment frêle pour un garçon dont je savais pourtant le corps si bien fait. S’il était aimé des filles, comme on aime un mignon petit frère, les garçons, qui pourtant ne le détestaient pas, ne manquaient jamais de se moquer de lui et de son aspect gracile. L’un d’entre eux le surnommait « P’tit doigt », ce qui avait le don de le rendre furieux, à cause du double sens.

Il ne me quitta plus d’une semelle et je m’imposai alors comme son protecteur, me persuadant que mon attitude à son égard n’était que pure charité. Il m’expliqua que ce surnom qu’il haïssait était injustifié, au moins sur le plan de son anatomie intime : « Je te la montrerai, si tu veux, tu verras, ce n’est pas parce que je ne suis pas très grand qu’elle est petite. » Est-il nécessaire d’expliquer à mes lecteurs l’énergie que cette remarque insuffla à mon imagination ?

Depuis l’année précédente, il sortait avec une jolie fille, d’une autre classe, qui se prénommait Marie. Fier de prouver à tout le monde que « P’tit doigt » avait un certain succès, il l’a câlinait et la couvrait de baisers dans les couloirs du lycée. Je les trouvais mignons, tous les deux, et attendait patiemment mon tour. En effet, depuis quelques temps, Mathieu empiétait sur mon espace vital, dès que Marie avait tourné les talons pour rejoindre sa classe. Pas du tout gêné des qu’en-dira-t-on, que ses embrassades publiques avec Marie tuaient dans l’œuf, il n’hésitait pas, devant nos camarades, à se coller lascivement contre moi pour me parler, à entourer ma taille de son bras et à me faire des bisous en me répétant que j’étais devenu son meilleur ami.

A ce stade de notre relation, je pressentais déjà ma défaite. Jamais un garçon ne s’était montré si proche de moi physiquement et chacun de ses bisous, chacune de ses caresses me faisait décoller. Je ne touchais plus terre, essayant de garder en tête que ne se manifestait là que pure amitié. J’ignorais s’il se souvenait de notre première rencontre au stage des délégués et n’osais lui poser la question, tant j’associais ce souvenir à un sentiment profond d’érotisme.

Une camarade de notre classe, Sandrine, qui connaissait Mathieu depuis le collège, se permit, confidentiellement, de me mettre en garde : « Je vois bien que tu l’aimes beaucoup, mais fais attention, derrière ses airs angéliques de poupon se cache un garçon très égoïste et hypocrite qui n’agit que pour ses seuls intérêts. Il te charme car il te sent faible. Il te fait croire qu’il est faible pour mieux endormir ta méfiance. J’ai vu Mathieu causer de grandes souffrances à des filles et à des garçons, méfie-toi. » Si j’accueillis ces paroles sentencieuses avec bonhomie, trouvant charmant que Sandrine se souciât ainsi de moi, j’en rejetai immédiatement toute crédibilité, persuadé qu’elle n’avait pas idée de ce que Mathieu et moi ressentions l’un à l’égard de l’autre. Bien plus tard, je me souviendrais de cette mise en garde, apprenant qu’il ne faut pas mépriser les conseils de celle ou celui qui possède l’expérience.

Au mois d’octobre se déroulèrent les élections des délégués de classe. Mathieu et moi souhaitions nous représenter. Mon ami prit la décision de ne pas le faire, de crainte qu’une rivalité porte atteinte à notre nouvelle amitié. Il s’arrangea pour me présenter les choses de telle sorte que je le contredisse : « Ca m’aurait beaucoup plu d’être encore délégué, mais si je me présente, je sais que toutes les filles vont voter pour moi, et beaucoup de mecs aussi, et je n’ai pas envie que tu sois triste à cause de moi. » Je lui répondis que s’il pensait avoir toutes ses chances, si les élèves désiraient tant qu’il fût leur délégué, il n’y avait aucune raison pour qu’il ne se présentât pas. « Ca m’est égal si je ne suis pas élu », conclus-je. Il ne se le fit pas répéter deux fois.

Je votai pour lui, de crainte qu’il n’ait pas assez de voix et que la défaite ne le renvoie à son statut de « P’tit doigt ». Je me fis laminer sans concession, n’obtenant qu’une seule voix... celle de Sandrine, apprendrais-je quelques minutes plus tard. Il n’était pas faible, les filles ne l’aimaient pas avec condescendance mais avec fascination, les moqueries amicales de certains garçons n’étaient motivées que par la jalousie qu’éveillaient en eux l’extrême beauté et la popularité de Mathieu. Ma grande naïveté me fit honte. Je me braquai et ne voulus plus lui adresser la parole de la journée. Toutefois, une partie de moi, ingénue ou masochiste, se disait qu’il tenait vraiment à moi, qu’en l’ignorant ainsi, il viendrait de lui-même vers moi, avec son air de chien battu qui me fendait le cœur, et que tout s’arrangerait. Il n’en fit rien.

Sans réfléchir aux conséquences, je piétinai ma fierté après avoir battu froid Mathieu pendant deux jours, et offrit à celui-ci un chocolat au distributeur du hall du lycée, m’excusant pour... mon manque de fair-play. Quelle autre cause aurais-je pu lui donner quant à mon attitude ? Il m’assura que c’était sans gravité et, fort de mon sentiment de culpabilité, se laissa désormais chaque jour offrir des chocolats chauds.

J’avais perdu la première bataille. Dans ce genre de relation, elle est la plus décisive.

Au cours de l’automne de la même année, une violente dispute éclata entre nous. Tout commença par son attitude fuyante à mon égard, du jour au lendemain : plus aucune caresse, plus aucun baiser, pas le moindre mot tendre. Sandrine, à qui il s’était confié, m’expliqua : « Il pense que tu es homo et qu’il vaut mieux mettre de la distance entre vous, pour que tu ne souffres pas. Pour ma part, je crois qu’il l’a toujours su, mais qu’il ne sait pas ce qu’il veut, alors il fait comme s’il venait de s’en apercevoir. » J’assurai Sandrine qu’elle faisait erreur, que jamais, ô grand jamais, je ne serais pédé et que Mathieu allait devoir s’excuser de colporter ainsi des rumeurs sur moi.

Dans un petit passage champêtre, derrière le lycée, chemin boisé, souvent désert, qui conduisait aux riches pavillons parmi lesquels vivaient les parents de Mathieu, je profitai d’un moment calme de l’après-midi pour y surprendre le jeune homme qui faisait bouillir mon sang. Je l’agrippai au col :

- Comment tu as pu raconter à Sandrine que j’étais pédé ?!

- Elle m’avait promis de ne pas te le dire !

- C’est ça, ton excuse ?

- En fait, on se fait des bisous, des câlins, et je me suis dit que ce n’était pas très bien. Deux garçons ne devraient pas faire ça. On en a parlé au catéchisme et...

- Je me fiche du caté’, explosai-je, tu te disais mon ami et maintenant tu vas raconter des saloperies sur moi aux autres !

- Pardon ! Pardon ! se mit-il à pleurer, sans doute affolé par ma puissante colère.

Je le lâchais. Il fit un pas en arrière, me regardant comme s’il me voyait pour la première fois, puis il se jeta dans mes bras, me donna des baisers dans le cou, répétant qu’il ne méritait pas mon amitié. Je le serrai dans mes bras, si bien que je senti que, comme moi, il bandait. J’avais gagné la deuxième bataille, ce qui n’eut que pour effet de renforcer mon sentiment de culpabilité dont je ne comprenais plus vraiment l’origine. Il s’écoulerait encore de nombreuses années avant que je ne comprenne que ma mère m’avait « dressé » de telle sorte que je ne puisse pas tenir tête à autrui sans m’en affliger. Pour soulager cette désagréable impression, je me montrai aux petits soins pour lui, faisant disparaître mes économies pour le couvrir de petits présents.

Avec l’hiver, Mathieu tomba malade. Je débarquai chez lui, après les cours, avec des Mars, des Bounty et une B.D. de Thorgal : tout ce qu’il aimait. Sa mère, femme au foyer, était partie faire des courses avec son petit frère. Son père, ingénieur agronome, n’était pas encore rentré du travail. Il sembla ravi de me voir, m’embrassa malgré ses microbes. Quand il passa devant moi pour me faire visiter la maison, j’aperçus un accroc dans son pantalon de survêtement qui lui servait de pyjama, au niveau des fesses. J’y passai mon index et sentis sa peau d’une douceur étonnante.

- Non seulement tu portes un pantalon troué, mais en plus tu es à poils en dessous ! C’est quoi cette tenue ?!

- Il y a une déchirure aussi devant, me montra-t-il en riant, c’est pratique pour me branler quand je suis au lit !

Je me gardai bien de lui faire remarquer que le trou de devant était plutôt petit. Nous nous installâmes dans sa chambre pour bavarder et plaisanter, en dévorant des barres chocolatées et en admirant les muscles de Thorgal.

Au bout d’un moment, il déplora de se sentir collant ; il avait transpiré à cause d’une montée de fièvre. « Je vais aller prendre une douche, rapidement, me dit-il. Je te proposerai bien de venir avec moi dans la salle de bains pour qu’on continue à parler, mais si ma mère rentre, elle va se poser des questions. » Je voulus rentrer chez moi, mais il me pria de rester. Il laissa la porte de la salle d’eau ouverte, elle faisait face à sa chambre dans laquelle je demeurai. Tandis qu’il continuait à me parler tout en se déshabillant, j’évitai de le regarder pour lui répondre, ou plutôt je veillai à ne fixer de loin que son regard, laissant tombé un voile flou sur le reste de son corps, par un subtile jeu d’optique qui me faisait peut-être loucher.

Il revint rapidement dans la chambre, encore mouillé, la taille enveloppée d’une serviette. Il se jeta sur son lit, se cala contre son oreiller, un genou levé qui entrebâillait la pièce de linge en éponge bleue. Je me dépêchai d’engager une conversation pour occuper mon esprit.

- Marie est venue te voir ?

- Oui, ce matin. Mais j’étais trop fiévreux, elle n’est pas restée longtemps.

- Tu étais vêtu un peu plus décemment ?

- Bien sûr ! Ma mère était là ! Dommage, ça aurait pu être l’occasion pour qu’on franchisse le pas... Ah, ben merde ! Faut qu’on parle d’autre chose, regarde, je bande maintenant ! s’exclama-t-il alors que sa serviette se soulevait sensiblement.

Le bruit d’une clef dans la porte d’entrée nous fit sursauter. Mathieu se jeta sur son pantalon et enfila un pull. Il était temps : le petit frère arrivait en courant.

Un soir de ce même hiver, il débarqua chez mes parents. Ma mère ne l’aimait pas, sans doute présentait-elle que je l’aimais trop. Comme à notre habitude, nous nous enfermâmes dans ma chambre. Il s’installa sur mon lit, avec sa nonchalance coutumière et virile, appuyé contre le mur qui faisait office de ciel de lit, les cuisses largement écartées. « J’ai une grande nouvelle à t’annoncer ! me dit-il, tout sourire, avec une certaine fierté dans la voix. Cet après-midi, Marie et moi, on a fait l’amour. »

mathieu-sur-le-lit.jpg

 

Ce texte est © Jay. Toute reproduction interdite sans l’autorisation explicite de son auteur.

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commentaires

V
<br /> Salut, Je découvre ton journal ce jour. Il y a des écrits qui nous parlent. C'est là que l'écriture se fait universelle. Quand certaines histoires nous font remémorer nos propres instants.<br /> <br /> <br /> Pressé de lire la suite ! Et de découvrir d'autres billets...<br /> <br /> <br /> V.<br />
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J
<br /> <br /> Salut Voulin ! Sois le bienvenu sur ce blog et merci pour ton encourageant commentaire ! Si tu découvres mon Journal aujourd'hui, je suppose que tu n'as pas encore tout lu, donc tu devrais avoir<br /> de quoi patienter en attendant la suite... qui ne devrait pas tarder !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> J'aurais tout de même aimé le connaître ce Mathieu...<br />
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J
<br /> <br /> Tu ne l'aurais jamais connu aussi bien qu'en lisant ces chapitres !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> J'ai toujours été très bon en synthèse ! ;-)<br /> <br /> <br /> Mais heureusement que tu les as écrites ces 4 pages, c'est quand même beaucoup plus alléchant que mon résumé... ^^ Soit dit en passant, tu n'as pas chaumé dans tes jeunes années ! :-p<br />
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J
<br /> <br /> Et pourtant... et pourtant (comme le chante Aznavour), si tu as bien tout suivi, tu auras calculé que nous sommes en 1993, que j'ai donc 18 ans*, et que je suis toujours vierge ! Je suis très<br /> sage.<br /> <br /> <br /> * Pendant ce temps, sauf erreur de ma part, certains entraient à l'école primaire. Voilà un calcul qui me flanque un coup de vieux !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Il n'a pas l'air très farouche le Mathieu ^^<br />
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J
<br /> <br /> Voilà ! On pouvait aussi dire ça comme ça ! (quand je pense que je me suis embêté à rédiger 4 pages Word)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Oh que j'imagine avec une grande exactitude ce que tu as du ressentir à cette annonce de Mathieu...il est des désarrois qui restent longtemps en mémoire...<br />
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