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avertissementCe blog n'est pas un site pornographique. Cependant, il est composé de textes rédigés par un adulte qui ne s'auto-censure pas, et dans lesquels il peut être question de sexualité. For adults only. Sólo para adultos. 為成年人. Nur für erwachsene. Vuxna endast. Voksne bare. Alleen voor volwassenen. Solo per adulti. 大人のみ. только для взрослых. للكبار فقط

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 11:17

Raoul, vicomte de Bragelonne, est un adolescent beau, honnête et courageux, pupille du valeureux Athos. Le jour est venu où le jeune homme doit quitter le fameux mousquetaire pour partir à la guerre.

Raoul-vicomte.jpgLe soleil, déjà radieux, pénétrait dans la chambre par la fenêtre à larges panneaux, dont Raoul, rentré tard, avait négligé de fermer les rideaux la veille. Il dormait encore, la tête gracieusement appuyée sur son bras. Ses longs cheveux noirs couvraient à demi son front charmant et tout humide de cette vapeur qui roule en perles le long des joues de l’enfant fatigué.

Athos s’approcha, et le corps incliné dans une attitude pleine de tendre mélancolie, il regarda longtemps ce jeune homme à la bouche souriante, aux paupières mi-closes, dont les rêves devaient être doux et le sommeil léger, tant son ange protecteur mettait dans sa garde muette de sollicitude et d’affection. Peu à peu Athos se laissa entraîner aux charmes de sa rêverie en présence de cette jeunesse si riche et si pure. Sa jeunesse à lui reparut, apportant tous ces souvenirs suaves, qui sont plutôt des parfums que des pensées. De ce passé au présent il y avait un abîme. Mais l’imagination a le vol de l’ange et de l’éclair ; elle franchit les mers où nous avons failli faire naufrage, les ténèbres où nos illusions se sont perdues, le précipice où notre bonheur s’est englouti. Il songea que toute la première partie de sa vie à lui avait été brisée par une femme ; il pensa avec terreur quelle influence pouvait avoir l’amour sur une organisation si fine et si vigoureuse à la fois.

En se rappelant tout ce qu’il avait souffert, il prévit tout ce que Raoul pouvait souffrir, et l’expression de la tendre et profonde pitié qui passa dans son cœur se répandit dans le regard humide dont il couvrit le jeune homme.

À ce moment Raoul s’éveilla de ce réveil sans nuages, sans ténèbres et sans fatigues qui caractérise certaines organisations délicates comme celle de l’oiseau. Ses yeux s’arrêtèrent sur ceux d’Athos, et il comprit sans doute tout ce qui se passait dans le cœur de cet homme qui attendait son réveil comme un amant attend le réveil de sa maîtresse, car son regard à son tour prit l’expression d’un amour infini.

– Vous étiez là, monsieur ? dit-il avec respect.

– Oui, Raoul, j’étais là, dit le comte.

– Et vous ne m’éveilliez point ?

– Je voulais vous laisser encore quelques moments de ce bon sommeil, mon ami ; vous devez être fatigué de la journée d’hier, qui s’est prolongée si avant dans la nuit.

– Oh ! monsieur, que vous êtes bon ! dit Raoul.

Athos sourit.

– Comment vous trouvez-vous ? lui dit-il.

– Mais parfaitement bien, monsieur, et tout à fait remis et dispos.

– C’est que vous grandissez encore, continua Athos avec un intérêt paternel et charmant d’homme mûr pour le jeune homme, et que les fatigues sont doubles à votre âge.

– Oh ! monsieur, je vous demande bien pardon, dit Raoul honteux de tant de prévenances, mais dans un instant je vais être habillé.

(...)

Athos sourit.

– Vous êtes une noble nature, dit-il, voici votre épée.

Raoul mit un genou en terre.

– Elle a été portée par mon père, un loyal gentilhomme. Je l’ai portée à mon tour, et lui ai fait honneur quelquefois quand la poignée était dans ma main et que son fourreau pendait à mon côté. Si votre main est faible encore pour manier cette épée, Raoul, tant mieux, vous aurez plus de temps à apprendre à ne la tirer que lorsqu’elle devra voir le jour.

– Monsieur, dit Raoul en recevant l’épée de la main du comte, je vous dois tout ; cependant, cette épée est le plus précieux présent que vous m’ayez fait. Je la porterai, je vous jure, en homme reconnaissant.

Et il approcha ses lèvres de la poignée, qu’il baisa avec respect.

– C’est bien, dit Athos. Relevez-vous, vicomte, et embrassons-nous.

Raoul se releva et se jeta avec effusion dans les bras d’Athos.

– Adieu, murmura le comte, qui sentait son cœur se fondre, adieu, et pensez à moi.

– Oh ! éternellement ! éternellement ! s’écria le jeune homme. Oh ! je le jure, monsieur, et s’il m’arrive malheur, votre nom sera le dernier nom que je prononcerai, votre souvenir ma dernière pensée.

 

Alexandre Dumas, Vingt ans après (1845), extraits du chapitre XXIV, Saint-Denis

 

Je ne saurais trop vous conseiller de lire la trilogie des mousquetaires, qui se compose des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après et du Vicomte de Bragelonne : une façon de (re)découvrir la grande Histoire sous Louis XIII et sous Louis XIV, racontée comme un feuilleton captivant plein de rebondissements !

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commentaires

M
<br /> J'ai pensé que c'était toi, jusqu'à ce que ce soit révélé !<br /> <br /> <br /> Ca prouve que tu écris super bien ! (et c'est mon oeil de professionnel qui le dit ;))<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Ton œil parle ???<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci pour le compliment.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> J'avoue qu'au début j'ai cru que c'était de toi... Je me suis dis : mon dieu! Un style complètement différent et...c'est vraiment bien écris ! ^^<br /> <br /> <br /> Mais c'est parce que je n'avais jamais lu Dumas. Je trouve à cet extrait une grande fraicheur, je vois presque l'air matinal pénétrer dans une chambre aux draps blancs...<br /> <br /> <br /> C'est intéressant. :)<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Ah ! écrire comme Dumas ! le rêve... déjà que c'est lui qui m'a donné le goût du feuilleton (lui et certaines séries américaines)<br /> <br /> <br /> <br />