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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 11:30

Lire Le Voile bleu (partie 2)

Scorpion

Chaque journée devient plus chaude que la veille, l’été installe ses quartiers dans le désert, et l’air s’emplit toujours davantage du bruit atone des scorpions allant çà et là. « Oh ! Assam, me dit ma mère un matin, je crois que je ne pourrai le supporter un jour de plus, ce bruit va me rendre folle ! » Je ne réponds pas. Mon père ne dit rien non plus, il garde un visage tendu et soucieux. Il revient, muet, de sa réunion avec les autres hommes nobles du campement. Son silence est pire que tout. Je comprends qu’il se prépare quelque chose de si grave qu’il ne sait comment nous en parler.

Je sors du héhékit de mes parents pour rejoindre Mohada, peut-être qu’il pourra m’expliquer ce qu’il se passe puisque, portant le voile bleu, il a pu siéger avec les autres hommes. Je le retrouve scrutant le lointain, le regard perdu et inquiet. Je lui demande ce qu’il se passe. Sans dire un mot ni même me regarder, il tend l’index vers l’horizon. Un horizon brun qui semble se mouvoir vers nous à toute vitesse. Il me faut un moment pour que mon esprit identifie ce que mes yeux lui montrent. Aussi loin que je puisse voir, de toutes les directions, les scorpions marchent, les uns contre les autres, si serrés qu’on croirait que c’est le sol lui-même qui se déplace. Il n’y a pas le moindre espace entre chaque arachnide et leur nombre est infini. Ils marchent tous vers le nord. Et, entre cette armée de scorpions et le nord, se trouve notre campement.

Mohada me prend par la main qu’il écrase douloureusement et m’entraîne au milieu des héhékits. « Enfermez-vous sous vos tentes ! crie-t-il d’une voix que l’angoisse rend aiguë. Les scorpions arrivent ! Ne leur laissez aucune ouverture ! » Puis, nous nous précipitons dans mon héhékit que nous nous apprêtons à calfeutrer. Lorsque, soudain, je réalise :

– Zoua ! Ma petite Zoua ! Elle est restée dehors !

– Mais non, elle doit être avec tes parents, dit mon cousin qui se veut rassurant.

– Non, non, j’en viens, elle n’y était pas ! Faut que j’aille la chercher.

– C’est hors de question, les scorpions seront bientôt là, nous n’avons pas un instant à perdre.

Sans chercher à discuter davantage, je m’élance vers l’extérieur. Mohada me retient in extremis par le bras et me tire à m’en faire tomber sur les fesses. « Reste ici, je la ramène, m’ordonne-t-il avec une intonation qui exclut la moindre discussion. » De longues secondes s’écoulent, pendant lesquelles je me jure de ne pas survivre à mon cousin s’il lui arrive malheur par ma faute. Enfin, il pénètre dans le héhékit, ma petite chatte des sables dans les bras. En pleurant de soulagement et de gratitude, je couvre le voile de Mohada de baisers. Cela ne lui déplaît pas, mais il me rappelle à la réalité : il faut enterrer les peaux qui constituent les parois de notre abri, et veiller à ce qu’aucun interstice ne subsiste.

Tout en nous affairant, mon cousin m’explique : « Les Vieux nous ont raconté qu’une à deux fois par siècle, au début de l’été, les scorpions pullulent et se rassemblent pour aller vers le nord. Ils sont comme pris de folie, ils ne contournent aucun obstacle, avancent toujours tout droit. Ils vont traverser notre campement comme si nous n’étions pas là, n’hésitant pas à piquer tout être vivant restant sur leur passage. » Comme pour lui donner raison, le bruit des scorpions ne fait qu’amplifier, puis nous percevons, le long des peaux du héhékit, les grattements de leurs pattes râpeuses. Je m’aperçois, avec un frisson dans le dos, que nous avons oublié une ouverture vers le nord. Pourtant, aucun scorpion ne s’y aventure. « Rien ne peut les détourner de leur marche vers le nord, dis-je, effaré. »

Les minutes sont comme des heures, tandis que nous écoutons le piétinement incessant de leur pattes griffues. Nous distinguons régulièrement un clapotis qui semble provenir du puits qui se trouve non loin de notre refuge. « Ils sont tellement obnubilés par leur route qu’ils ne contournent même pas le puits, comprend Mohada. Ils se jettent dedans aveuglément ! »

Mon bien-aimé me serre dans ses bras : « Tu n’as rien à craindre, mon petit Assam, je te protégerai : si un scorpion parvient à se faufiler à l’intérieur, je le tuerai, comme celui de l’autre jour. Jamais je ne laisserai quoi que ce soit te faire du mal. » Amoureusement blotti contre lui, je ne peux que le croire.

Tout à coup, le frottement monocorde de cette marche rampante est déchirée par des bêlements et des blatèrements affolés, douloureux. Les scorpions piquent le bétail et les dromadaires !

– On ne peut pas rester là sans rien faire, Mohada !

– Pas question de sortir, petit cousin, ce serait la mort assurée. Il faudrait être magicien pour survivre à ce flot de minuscules assassins à cuirasse !

En entendant ces mots, ma main se porte aussitôt au shérod que m’a donné Kibala. D’instinct, je suis convaincu qu’il pourrait chasser les scorpions du campement. Mais le fétiche qui se trouve à l’intérieur est à usage unique, et le Vieux me l’a offert pour que je puisse rester pour toujours avec Mohada… Oui, mais sans bétail ni dromadaires, nos deux groupes seront ruinés et affamés : notre bonheur, à mon cousin et à moi, a-t-il la moindre chance de s’épanouir dans ces conditions ? Je n’ai plus le temps de réfléchir davantage. Je prends le petit sac de cuir vert suspendu à mon cou et je m’extirpe en un éclair des bras de mon cousin. Avant même qu’il ait le temps de réaliser ce que je fais, je suis dehors, sur le seuil du héhékit, brandissant le shérod.

La peur écrase mon cœur d’une main glacée avant que je réalise que les petits démons noirs s’écartent vivement de moi et de ma tente. Non, je me trompe ! C’est bien plus que cela : ils s’écartent du campement tout entier ! La vague brune poursuit inlassablement son chemin vers le nord, mais en contournant nos habitations et nos animaux ! Je continue pendant plusieurs minutes à brandir le shérod, n’osant abaisser mon bras. Mon cousin m’a rejoint et, par derrière, enserre ma taille de ses mains fortes et me répétant : « Tu es un héros, mon petit Assam ! Tu es fou et tu mériterais une correction, mais tu es un héros ! »

A mesure que s’éloigne la marche des scorpions, les gens sortent de leurs abris, regardant autour d’eux, l’œil suspicieux. Mohada, joyeux et fier, raconte à tout le monde ce que j’ai fait. Je suis fier, moi aussi, très fier, mais non joyeux : le shérod ne fonctionnera plus, désormais, j’ai perdu tout chance de rester avec mon cousin bien-aimé. La vague des scorpions commençant à disparaître vers l’horizon du nord, je cherche à changer le cours de mes pensées sombres en regardant dans le shérod : puisqu’il est devenu inutilisable, je n’ai aucune raison de ne pas découvrir à quoi ressemble le fétiche qu’il renferme. C’est un petit scorpion en or.

 

Je ne m’attendais pas à une telle fête ! Une fête donnée en mon honneur ! Les femmes, les hommes et les enfants chantent mon nom. On me sert à boire et à manger, on me tapote amicalement le dos, on m’embrasse avec enthousiasme. Mon bonheur pourrait être à son comble si le groupe de Mohada ne partait pas demain matin. « Tu sembles triste, Assam, constate mon père. Comment est-ce possible ? Tu as sauvé nos deux groupes d’une famine certaine ! Peut-être est-ce cela qui te manque ? ajoute-t-il en me tendant un voile bleu. » C’est un tiguelmoust ! Pour moi ! Mon père me considère désormais comme un homme !

– Est-ce que ça signifie que je peux partir demain avec Mohada ?

– Je regrette que tu veuilles nous quitter, mais je comprends aussi l’attachement qui te lie à ton cousin. Maintenant que tu es un homme, tu peux aller où bon te semble… Promets-moi seulement de continuer à faire preuve de courage et d’altruisme afin d’honorer le voile bleu.

Fin

Relire Le Voile bleu (partie 1)

Ce texte est © Le Journal de Jay et ne peut être reproduit sur quelque support que ce soit sans l'autorisation explicite de son auteur. 

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commentaires

J
<br /> Les suites sont toujours décevantes. L'histoire me plait comme ça, sur cette fin.<br />
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J
<br /> <br /> Ne t'inquiète pas, c'était une joke du Forban et de moi, pas de suite en perspective !<br /> <br /> <br /> En revanche, pas d'accord avec toi : il y a des suites réussies au cinéma, en littérature ou en BD (mais beaucoup moins que de suites-navets, c'est vrai)...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Tu feras un réédition 3D ?<br />
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J
<br /> <br /> Pour la partie 2, oui !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Voui c'est vrai !<br /> <br /> <br /> Et moi : Voile bleu 2, le retour, je vote pour! :D<br />
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J
<br /> <br /> Vous pensiez en avoir fini avec lui ? Vous étiez convaincu de ne plus jamais le revoir ? Et pourtant, il revient, plus terrifiant que jamais !<br /> <br /> <br /> LE VOILE BLEU CONTRE-ATTAQUE<br /> <br /> <br /> Bientôt sur vos écrans<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> C'était un récit bien mené qui m'a fait pensé aux contes que l'on pouvait me raconter enfant... La dimension homosexuelle en plus bien sûr ^^<br /> <br /> <br /> Donc merci pour cette jolie histoire !<br /> <br /> <br /> Tu postes de moins en moins régulièrement, je suis un peu en manque, il faudrait quand même songer à entretenir l'addiction de tes lecteurs !! ^^<br /> <br /> <br /> ("faites ce que je dis, pas ce que je fais" :-P)<br />
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J
<br /> <br /> Ouais, mon grand défaut c'est de me disperser, et comme les journées ne font que 24 heures... je fais des choix qui sont parfois au détriment de mon Journal.<br /> <br /> <br /> Je suis très content que ce conte t'ait plu.<br /> <br /> <br /> @ toi et au Forban : faudra entretenir l'addiction autour d'un bon cocktail, un de ces jours, c'est une méthode non moins agréable !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> C'était bien. Happy ending ! ^^<br /> <br /> <br /> Quelle curieuse affaire que ces scorpions tout de même...<br /> <br /> <br /> Pour un peu ils auraient tâtés du dard ! oO<br />
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J
<br /> <br /> Peut-être dans une suite, un "Voile bleu II, le retour" : mieux vaut dard que jamais !<br /> <br /> <br /> <br />