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avertissementCe blog n'est pas un site pornographique. Cependant, il est composé de textes rédigés par un adulte qui ne s'auto-censure pas, et dans lesquels il peut être question de sexualité. For adults only. Sólo para adultos. 為成年人. Nur für erwachsene. Vuxna endast. Voksne bare. Alleen voor volwassenen. Solo per adulti. 大人のみ. только для взрослых. للكبار فقط

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 16:20

« Moi, j’aimerais que la Terre s’arrête pour descendre. » (Serge Gainsbourg, Quoi)

Plusieurs fois, j’avais envisagé la fugue. Elle n’aurait pas été aussi brillante que celles de Bach, mais elle m’aurait permis de m’éloigner de mes principaux sujets de souffrance : mon attirance contre-nature pour Mathieu et des parents impossibles à vivre.

Une fois, quelques semaines plus tôt, je m’étais lancé. J’avais glissé les quelques billets que je possédais dans ma poche de jean et m’étais élancé vers la sortie de la ville. Une seule idée en tête : marcher jusqu’à épuisement, traverser des forêts, des champs, peut-être même parvenir jusqu’à l’Océan que j’aimais tant, si j’en avais la force, marcher, ne plus penser, marcher jusqu’à ce que je m’endorme de faim et de fatigue, et que j’oublie… Pendant une demi-journée, j’avais parcouru les fossés et les collines, le long de l’autoroute, la sensation de liberté devenant peu à peu plus forte que l’angoisse et la douleur.

Je m’illusionnais. Je fis demi-tour, avec l’odieuse impression de ne pas l’avoir décidé. Ma mère tirait sur l’autre bout de la laisse qui m’étranglait, une laisse tressée dans le sentiment de culpabilité qu’elle avait depuis toujours distillé en moi, une laisse renforcée par l’habitude de la pression maternelle devenue comme une drogue pour moi. J’étais rentré à l’appartement. Mon père, ivre mort, n’avait pas remarqué mon absence. Quant à ma mère, le fait que je rentre après l’heure du couvre-feu n’avait été pour elle qu’un sujet d’agacement et de colère noire.

Mais, en ce mardi 2 mai, fin d’après-midi, veille de mes vingt ans, j’étais convaincu d’avoir trouvé la solution pour faire taire ma douleur, et je me sentais léger, heureux… oui, heureux ! Ma mère remarqua mon air jovial. Comme tous les jours, elle était assise sur un banc, derrière l’immeuble, à échanger les commérages de la cité avec les autres nourrices. « Ah ! c’est rare de te voir souriant comme ça. Tu as eu des bonnes notes au lycée ? »

Non, je souriais aux anges parce que j’allais cesser de me consumer pour Mathieu. Je souriais aux anges parce que mes parents allaient pouvoir se hurler dessus et s’insulter, sans que je sois là pour enlever les couteaux des mains de ma mère folle furieuse. Je souriais aux anges pour qu’ils me fissent bon accueil.

– Y a une surprise qui t’attend, là-haut, me dit ma mère.

– Là-haut ?

– Bah, oui, là-haut, à la maison ! Qu’il est bête ce môme ! ajouta-t-elle en se tournant vers ses copines ricanant comme des hyènes cocaïnomanes. Ton gâteau d’anniversaire, voyons !

– Ah, oui ! je le savais, ce n’est pas une surprise, maman.

– Et voilà ! s’exclama-t-elle dans un effet de manche à l’intention des carnassiers hilares. Il est blasé ! On essaie de lui faire plaisir, on se met en quatre, et voilà le remerciement ! Ah ! merci bien ! Merci bien, hein !

Je lançai un « bonne soirée » souriant à la ronde et je filai sans demander mon reste. Rien n’entamerait ma bonne humeur !

L’appartement était vide, mon père ne rentrerait pas avant une heure, et ma mère ne remonterait que pour préparer le dîner. J'avais du temps devant moi. Je commençai par manger une part de gâteau… délicieux ! Ma sérénité demeurait pleine et entière, je ne m’étais pas senti aussi vivant depuis longtemps, très longtemps. Ensuite, fredonnant un air à la mode, je me fis une toilette minutieuse et me choisit les vêtements les plus sympa que je possédais. C’est alors qu’un phénomène étrange se produisit.

De la salle de bains, je me retrouvai sans transition assis à mon bureau, en l’espace d’une inspiration. J’étais en train d’écrire : « Chère Maman, Cher Papa… » Comment avais-je pu me transporter ainsi, dans le temps et à travers l’appartement, en une fraction de seconde ? Il me revint en mémoire la lecture d’un livre sur les prétendus enlèvements d’humains par des extraterrestres et le sentiment d’ellipse qu’éprouvaient les soi-disant ravis à leur retour, comme si une seule seconde s’était écoulée.

Par association d’idée, je songeai au livre que je savourais depuis quelques jours : La Mystérieuse Affaire de Styles, d’Agatha Christie, la première énigme mettant en scène Hercule Poirot et son ami Hastings. Je ne connaîtrais pas la fin.

Alors, que voulais-je écrire à mes parents ? Il n’était plus tant d’y songer : un clignement d’œil plus tard, je finissais une lettre qui avait commencé par « Cher Mathieu… » Extraterrestres ? Si ça leur chante de m’utiliser comme objet d’étude, je n’ai rien contre, je me sens si bien désormais.

Un soupir et je me retrouve assis sur mon lit. Qu’ai-je bien pu faire des lettres ? Le temps de tourner la tête vers mon bureau, et je suis allongé dans mon lit. Les cloisons sont devenues transparentes. Des extraterrestres à l’aspect de femmes vêtues de blouses blanches vont et viennent autour de ma chambre. N’ai-je pas lu que les aliens ont le pouvoir de dématérialiser les murs ?

Je remarque un homme en costume-cravate, assis sur une chaise, à mon chevet. Etait-il vraiment là, l’instant précédent ? Ou ont-ils également le don de se télé-transporter, comme dans Star Trek ? Il n’a pas quarante ans, mais n’a plus beaucoup de cheveux. Il me sourit de façon bienveillante. « Bonjour, je suis le Docteur Renaud. Comment vous sentez-vous ? Vous savez pourquoi vous êtes ici ? » Parce qu’avant d’envahir la terre vous voulez nous étudier ? Je réponds que non, je ne sais pas. Il me l’explique. Sa réponse sonne pour moi comme un échec. Retour à la case départ, vous ne prenez pas les 20000 francs, et vous allez devoir de nouveau affronter Mathieu, vos parents et vos démons intérieurs.

– Quelle heure est-il ?

– Il est 15h30, répond-il.

– Ce n’est pas possible, il était déjà 17h quand je suis rentré à l’appartement.

– C’était hier.

Hier ? Nous sommes donc le 3 mai. J’ai vingt ans aujourd’hui. Joyeux anniversaire.

– Je peux vous aider, me déclare l’homme. Voulez-vous que nous nous revoyons dans deux ou trois jours ?

– Oui ! aidez-moi !

Je suis le premier surpris par la vivacité de ma réponse. Personne ne m’avait encore proposé de « m’aider ».

– Alors, je vais signer votre autorisation de sortie, vous pouvez rentrer chez vous.

– Merci (mais je préfèrerais autant que vous m’emmeniez avec vous sur votre planète).

Soudain, je suis en voiture avec mes parents. Mais, est-ce que ce sont vraiment eux ? J’en doute : ils se parlent aimablement, calmement, s’adressent à moi avec douceur, se montrent prévenants. Mon père demande à ma mère pourquoi je demande l’heure sans arrêt, elle lui répond qu’ « ils » ont dit que c’était normal.

Je bâille, et me retrouve instantanément dans mon lit. Les cloisons sont à leur place. La nuit n’est pas encore complètement tombée, mais les rideaux sont tirés. Je suis sur le point de m’endormir, mais je me relève précipitamment et saisis La Mystérieuse Affaire de Styles rangé sous mon bureau. Ca me revient : c’est dans la couverture que j’ai caché les lettres. Demain, je les détruirai. Je m’endors.

 

– Comment ! Vous savez qui a tenté de l’empoisonner ? s’exclama le Colonel Hastings en bondissant de son fauteuil.

– Parfaitement, et depuis le début, mon bon ami, affirma tranquillement le détective belge en se livrant à sa toilette avec un soin maniaque.

– Poirot, vous n’êtes qu’un vieux gredin, et j‘ai presque envie de vous étrangler ! Comment avez-vous pu me mener en bateau ?

Hercule Poirot mit un peu de temps avant de répondre, il entreprit de lisser sa moustache avec une méticulosité renversante.

– Je savais que vous étiez en mal d’aventures depuis votre retour d’Amérique du Sud. Vous comptiez sur cette tentative de meurtre pour ajouter un peu de sel à notre quotidien pluvieux. Vous espériez que cette énigme s’avèrerait passionnante à résoudre. Je ne voulais pas vous décevoir.

– Me décevoir ?…

– Il n’y a pas eu de tentative de meurtre ! triompha Poirot en observant avec jubilation la réaction d’Hastings.

– Comment ! Vous allez peut-être me dire que les petits hommes verts sont derrière toute cette affaire ? lança Hastings, ironique.

– Décidément, je ne comprendrai jamais votre humour, à vous les Anglais, se lamenta Poirot. Pardonnez-moi, mon bon ami, mais je vois que vous vous êtes vêtu en hâte. Votre cravate est de travers. Si vous le permettez…

D’une main preste, il l’arrangea, tandis que le Colonel précisait sa pensée :

– Mais, voyons, Poirot, il y a forcément eu une main intentionnellement criminelle pour verser la drogue dans son café ! On ne peut avaler tout le contenu d’une boîte de bromazépam de manière accidentelle ! A moins que… non, cela ne se peut pas…

– Qui a parlé d’accident ? Mais je vois que vos petites cellules grises se sont mises en marche. Cette lueur de compréhension dans votre regard ne trompe pas.

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Ce texte est © Jay. Toute reproduction interdite sans l’autorisation explicite de son auteur.

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commentaires

L
<br /> Ben dis donc, il s'en passe des choses ici ! Je m'absente un peu et voilà !<br /> <br /> <br /> Pire qu'amour, gloire et beauté ! ;-)<br /> <br /> <br />  <br />
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J
<br /> <br /> "Un peu" ?? Je m'attendais un de ces quatre matins à voir une alerte enlèvement te concernant à la télé !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> que de souffrance morale si jeune c'est terrible...je comprends parfaitement ce geste désespéré...j'y ai également pensé sans pour autant passer à l'acte.<br />
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J
<br /> <br /> Je crois qu'être homo dans un monde hétéro implique que la plupart d'entre nous y a déjà songé plus ou moins sérieusement. La peur du rejet est l'une des premières causes de suicide chez les<br /> 15-25 ans. (voir : Campagne nationale par l'association<br /> Rimbaud)<br /> <br /> <br /> Comment ça "j'ai plombé l'ambiance" ??<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Pas mal l'idée d'illustrer par un autre texte à la fin... Mais l'effet est un peu gâché par le fait qu'on comprend rapidement qu'il s'agit d'une TS.<br /> <br /> <br /> Le traitement par l'éloignement, la distanciation est un parti-pris intéressant qui évite l'écueil du pathos (du trop)mais... Je ne sais pas, je n'ai pas été entièrement convaincu. Peut-être que<br /> ton style n'était pas adapté à la démarche. Peut-être aurait-il fallu quelque chose de plus radical.<br /> <br /> <br /> Là au final on ne ressent pas un vide émotionnel mais une absence.<br />
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J
<br /> <br /> Tu as tout compris ! En effet, j'ai tout fait pour éviter de tomber dans le pathos, d'autant plus que, comme tu le sais, si montrer mes fesses ne me pose aucun problème, j'ai davantage de pudeur<br /> pour exprimer certains de mes sentiments.<br /> <br /> <br /> Je suis content que tu trouves le choix du texte onirique "pas mal", car l'idée m'est venu seulement après avoir écrit tout ça... en deux chapitres pathétiques ! Le fil conducteur d'Agatha<br /> Christie (déjà évoquée dans le chapitre précédent) m'a semblé être un bon moyen d'alléger la charge émotionnel. Et du même coup, j'ai remodelé le tout en un seul chapitre. (je ne sais si c'est<br /> clair, je commence à avoir sommeil, désolé)<br /> <br /> <br /> Je suis déçu, en revanche, que tu ne sois pas totalement convaincu (car je ne pondrai pas une 3ème version), mais je comprends très bien. Je sens bien que ce chapitre ne peut pas faire<br /> l'unanimité, moi-même je n'y adhère pas à 100%...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> En effet, un peu "acrobatique" cet épisode... mais bien narré, comme toujours.<br />
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J
<br /> <br /> Tant mieux si tu t'es "bien marré" !<br /> <br /> <br /> Ah ! pardon, j'avais mal lu.<br /> <br /> <br /> <br />