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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 12:11

zetsuai 1

Début 1997, Maya parut soudain s’intéresser à ma vie amoureuse. Ou peut-être souhaitait-elle simplement « arranger un coup » pour l’un de ses amis ? Elle me parla d’un certain Samir, garçon qu’elle fréquentait depuis le lycée, ne tarissant pas d’éloge à son sujet : il était beau, amusant, gentil, homo (ce qui pour Maya, bisexuelle, était en soi une qualité), et… célibataire.

– Tu ne voudrais pas que je te le présente ?

– Bah, tu sais, moi, les rendez-vous arrangés… J’espère encore rencontrer le prince charmant, au détour d’une rue. On se bousculerait par mégarde, je laisserais tomber mes livres, il m’aiderait à les ramasser. Et ce serait un coup de foudre réciproque.

– Oui, c’est mignon. Mais, si tu ne veux pas rester seul toute ta vie, il va falloir tôt ou tard que tu renonces à tes clichés et que tu forces un peu le destin.

– Tu as sûrement raison, admis-je à contrecœur.

Ma camarade me proposa, dans un premier temps, d’échanger quelques lettres avec son ami, acceptant volontiers de devenir notre factrice. D’emblée, je fus charmé par une écriture dont l’élégance du graphisme rivalisait avec une expression séduisante et en tout point correcte. Samir évoquait son goût pour la lecture, le dessin, qu’il pratiquait et dont il m’envoya un échantillon, la peinture, à laquelle il s’essayait. S’il était aussi beau que Maya me l’avait laisser entendre, le but de ma quête amoureuse touchait sans doute à sa fin. A condition que je lui plaise tout autant, bien sûr !

Il faut croire que mon courrier lui plut puisqu’il me donna son numéro de téléphone, me proposant de l’appeler pour que nous convenions d’un rendez-vous. Timide et, surtout, ne pouvant réellement m’isoler pour téléphoner, dans l’appartement de mes parents, j’écourtai l’appel au strict nécessaire et, deux jours plus tard, nous nous retrouvâmes près de Nation.

Au lieu convenu, je vis attendre un garçon brun, grand, au teint mat, de toute beauté. Il m’évoqua immédiatement un jeune prince arabe, prêt à me défendre, cimeterre au poing, dans un désert oriental plein de poésie et de danger. Il était là, mon prince charmant ! Ma seule erreur avait été de l’imaginer caucasien et aristocratique.

– Bonjour. Excusez-moi, êtes-vous Samir ? demandai-je, soudain convaincu que ce ne pouvait être lui et que j’allais me payer la honte de ma vie.

– Ouais. Tu es Jay ? Salut.

Il me fit la bise aussitôt, avec la même précipitation que s’il avait l’intention de me filer un coup de boule par surprise.

– Ça te dérange pas si on va dans une boutique de manga ? Je veux m’acheter des manga.

– Pas de problème, répondis-je, un peu hébété par un certain contraste entre mes premières impressions et les suivantes.

Il se mit à me parler de « yaoi manga », genre de bande dessinée japonaise mettant en scène des relations plus ou moins torrides entre garçons. Cela me fit d’autant plus plaisir que, moi-même, je m’intéressais à ces manga qui venaient de débarquer en France, et qui stimulaient de manière intense mes phantasmes. Il fut question, notamment de Bronze - Zetsuai since 1989, un titre de Minami Ozaki, dans lequel un garçon faisait « l’amour » à un autre en le contraignant, avec des chaînes, des cordes, ou à la seule force de ses muscles. Inutile de dire que, depuis mon aventure avec Damien, ce genre de rapport mettait considérablement en ébullition mon imagination.

Pourtant, je fus étonné, et un peu déçu, que notre conversation se bornât aux manga. A travers son courrier, il m’avait semblé que Samir était curieux et cultivé, et que ses lectures devaient s’étendre à d’autres domaines. Mais, je fus surpris davantage par ses airs mal dégrossis et sa nonchalance d’adolescent invertébré. Je me demandais si, dans le désert, je pourrais vraiment compter sur lui.

Je le quittai avec un certain soulagement, et après avoir dû refuser trois fois de le suivre jusque chez lui.

– Alors, comment tu le trouves ? me demanda Maya, qui m’attendait de pied ferme devant la fac.

– Bah… il est beau. Oui, enfin, il est beau.

– Tu n’as pas l’air convaincu ?

– En fait, en lisant les deux lettres qu’il m’a envoyées, je ne l’imaginais pas du tout comme ça…

– Tu sais, il est timide, lui aussi, il ne faut pas le juger sur une première rencontre. Donne-lui une seconde chance.

Ce que je fis.

Et, dès que je le revis, je sus que Maya avait raison.

– Salut Jay ! Je suis content de te revoir, me dit Samir en posant délicatement un baiser sur ma joue.

– Salut, répondis-je avec beaucoup d’à-propos, ne pouvant m’empêcher de devenir rouge écarlate, tant je me sentis fondre de plaisir.

Il sentait bon, ses manières étaient douces et confiantes. Sa conversation me charma. Tout ce qui m’intéressait semblait l’intéresser, tout ce qui le ravissait m’enchantait. Fin gourmet, il m’invita dans un restaurant indien où les mets proposés étaient succulents. Je lui découvris également une simplicité et un sens de l’humour qui n’avait plus rien à voir avec la froideur guindée qu’il avait affectée lors de notre premier rendez-vous. C’était bien simple : le garçon de cette seconde rencontre était l’auteur des lettres que j’avais reçues, le premier n’avait été qu’un imposteur. Cette fois, c’est moi qui insista pour que nous nous téléphonions bien rapidement afin de nous revoir, et je regrettai franchement qu’il ne me proposât pas de le suivre chez lui. Sans doute que, la première fois, j’avais refusé un peu trop fermement…

Quand Maya me proposa un repas chez elle, en l’absence de ses parents, en compagnie de Samir, je ne lui cachai pas ma joie et mon impatience de revoir mon prince arabe, mon الأمير العربي.

– Ça te dérange si j’invite aussi son frangin ? me proposa Maya. Je ne le connais pas très bien, ça pourrait être amusant.

– Au contraire, avec plaisir, je suis curieux de connaître le frère de Samir, répondis-je sincèrement, bien que ne comprenant pas en quoi cela pouvait être « amusant ».

Le jour venu, quelle ne fut pas ma déception en retrouvant chez Maya, l’espèce de rustre du premier rendez-vous ! Lourd, vaniteux, pas drôle, ce garçon souffrait-il donc de troubles de la personnalité ? J’avais l’impression d’avoir rencontré Docteur Jekyll et Mister Hyde. J’en venais même à regretter l’absence de son frère qui n’avait pu se rendre disponible : j’ignorais s’il s’agissait de son aîné ou de son cadet, mais peut-être celui-ci était-il aussi beau, tout en possédant, avec constance, lui, les qualités éphémères de Samir ?

Néanmoins, grâce à Maya, la journée fut assez agréable. Elle nous montra ses dessins, superbes. J’en profitais pour redire à Samir que j’appréciais beaucoup ceux qu'il m'avait envoyés.

– Je serais curieux, aussi, de voir tes peintures, lui déclarai-je.

– Moi, je peins pas. Je dessine, mais je peins pas.

– Bah ! la dernière fois que nous nous sommes vus, tu m’as dit que tu peignais et que tu me montrerais tes toiles.

– Samir ne peint pas, intervint Maya, mais son frère, Ilan, si. Tu auras mal compris.

– Ouais, je voulais dire que je vais te montrer les trucs qu’il fait, mon frère, compléta Samir.

Je veillai à exprimer le moins possible ma perplexité. Ce garçon était-il un menteur invétéré, au point d’avoir eu l’intention de faire passer l’œuvre de son frère pour la sienne ? Et était-il suffisamment stupide pour avoir, en quelques jours, oublié son mensonge ?

Je chassai ces pensées pour mieux me pâmer devant la gigantesque bibliothèque de la mère de Maya que celle-ci nous montra avec fierté. Des étagères, à n’en plus finir, de livres et de bandes dessinées de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de tous les âges. Avec la permission de mon hôte, je prélevai quelques volumes, aussi soigneusement que si je prenais des nouveau-nés dans leurs berceaux, et m’émerveillais de l’ancienneté, du parfum de vieux papier, de la rareté de certains ouvrages. Et je m’étonnai, tandis que Maya et moi exultions, de voir un Samir passablement indifférent.

– Tu ne trouves pas ça génial ? m’exclamai-je à son intention.

– Moi, tu sais, j’aime pas les livres, me répondit-il d’un air blasé.

« J’aime pas les livres. »

Sa déclaration me fit l’effet d’une gifle.

Comme pour fuir le silence pesant qui venait de s’abattre, Maya prétexta un coup de fil à passer et nous laissa tous les deux.

– Tu me plais bien, me lâcha sans précaution Samir. Je te trouve beau. Après notre première rencontre, j’ai rêvé qu’on couchait ensemble. Enfin, qu’on faisait l’amour, quoi.

– Ah ? dis-je, rendu, bavard par le choc.

– Tu me trouves comment ? Je te plais ? Moi, j’ai envie de sortir avec toi. Et plus si affinités, ricana-t-il niaisement.

– Bah, je sais pas…

L’un des plus beaux mecs que j’avais rencontrés ces dernières années était schizophrène et venait de déclarer : « J’aime pas les livres. » Est-ce que je voulais « sortir » avec lui, et « plus si affinité, ah ! ah ! ah ! » ?

Je n’eus pas le temps de la réflexion. Samir s’approcha de moi, et m’embrassa. Il introduisit vigoureusement sa langue dans ma bouche. Je faillis un instant le repousser, puis trouvai cela bien agréable. C’était la première fois qu’un mec m’embrassait sur la bouche, et je constatais avec soulagement que je trouvais cela bien plus plaisant que ce baiser échangé jadis avec Raphaëlle. Ses bras, tenant, fermement les miens, j’étais prêt à m’abandonner à lui, tant j’étais bien, et malgré… « J’aime pas les livres. »

C’est lui qui cessa de m’embrasser, pour me déclarer : « Désolé, j’ai pas pu m’empêcher de te galocher, t’es trop mignon. Je sais que t’es puceau. Je veux pas te brusquer. Je vais te laisser réfléchir. Mais, en tous cas, tu me plais vraiment, maintenant, tu le sais. »

Le soir même, devant mon miroir, je n’arrivais plus à détacher mon regard de mes lèvres, que je caressais du bout des doigts. Ce beau garçon me trouvait mignon au point de ne pouvoir s’empêcher de m’embrasser. C’était si bon. J’avais envie qu’il recommence.

« J’aime pas les livres. »

Non, en réalité, j’avais envie d’être embrassé par celui qui avait écrit ces jolies lettres que j’aimais tant relire, celui qui m’avait emmené au restau indien et m’avait séduit en me faisant rire avec des bêtises et en étant capable de parler aussi bien de manga et de dessins animés japonais que d’arts plus classiques. Ma joie fut sans limite quand, le lendemain, Maya me tendit une lettre de Samir. Enfin, le retour du Samir épistolier qui me plaisait tant !

Chèr Jay, Je t’écrit le soir même du déjeuné chez Maya. Je tenait a m’excusé pour se baisé. Je t’est rouler un patin parceque j’avais envie, mais se qu’il compte c’est que j’ai beaucoup d’estime pour toi a cause de tous nos points commun et qu’avec toi je suis certaint que je vais construir un amour sollide et veritable.

Je continuai à lire cette horreur pendant le cours, puis, une fois sorti de l’amphi, interdit, je m’empressai de retrouver Maya.

– Ce n’est pas Samir qui a écrit ça ? lui affirmai-je sur le ton de l’interrogation.

– Bah, si, pourquoi ?

– Non seulement, ces pattes de mouches, ce n’est pas son écriture, mais en plus, c’est bourré de fautes ! Tiens, regarde, ses premières lettres.

Je pris dans mon sac, pour les montrer à Maya, les précieuses missives que j’avais toujours sur moi, de crainte que ma mère ne joue les Mata Hari dans ma chambre.

– Ah ! bah merde ! s’exclama ma camarade.

– Quoi ?

– Je suis sûre que ce n’est pas Samir qui a écrit ces lettres, il n’écrit pas aussi bien. A mon avis, il les a faites écrire par Ilan, son frère. Je t’ai déjà parlé de son frère, non ?

– Non, pas vraiment. C’est un petit ou un grand frère ?

– Ni l’un, ni l’autre, Samir et Ilan sont jumeaux. Mais c’est vrai qu’Ilan est… différent. Peut-être plus intello. Mais hétéro ! Ou bi, je ne suis pas sûre.

Les pièces du puzzle finissaient de s’emboîter dans ma tête.

– Et, tu crois que Samir aurait pu envoyer son frère à l’un de nos rendez-vous ?

– Peut-être, pour qu’Ilian lui donne son avis sur toi, oui, il m’a déjà raconté des histoires dans lesquelles ils avaient échangé leurs identités. Mais, ça me paraît peu probable : tu t’en serais rendu compte.

– Je m’en suis rendu compte. Mais je suis tellement naïf…

Si je n’ai jamais revu Samir, ce n’est pas tant à cause de ce coup monté qu’en raison de cette déclaration qui me hantait : « Je n’aime pas le livres. » cela m’aurait paru moins grave s’il m’avait dit « Je n’aime pas lire. » On peut ne pas aimer lire, je n’ai aucun jugement à porter à ce sujet, il y a mille et une façons de se cultiver. Mais, dire que l’on n’aime pas les livres a comme un écho d’irrespect et d’autodafé.

Au moins, cette aventure m’apprenait-elle quelque chose d’essentielle : que ce soit pour l’amour ou pour le sexe, j’avais besoin qu’un mec m’impressionne autant par sa personnalité que par son aspect physique. Je me rendais compte que je ne pourrais plus être attiré par un Mathieu : la duplicité et l’égoïsme suffiraient à le rendre laid à mes yeux. Etait-ce un handicap ou un avantage ? Je ne le savais pas, mais c’était ainsi : l’esprit d'un homme m’importait autant que son corps.

 

Ce texte est © Jay. Toute reproduction interdite sans l’autorisation explicite de son auteur.

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commentaires

L
<br /> Juste un petit mot pour dire que je te lis toujours assiduement même si je me fais plus rare dans les commentaires ! ^^<br /> <br /> <br /> Ce que je trouve intéressant ici c'est la grande différence qu'il y a entre ces 2 jumeaux, notamment dans la manière d'écrire... <br />
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J
<br /> <br /> Oui, c'est vrai que c'est surprenant (en même temps, j'avoue que je ne connais pas grand chose à la gémellité, en-dehors des clichés habituels).<br /> <br /> <br /> Je regrette tes commentaires, Innocent, mais je ne doutais pas de ta fidélité, pas de soucis !<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Bon, je vais pas innover dans mon commentaire, mais effectivement, le coup du jumeau était un peu téléphoné, mais le plaisir de lire un nouveau chapitre de ton journal reste intact.<br /> <br /> <br /> Et je savoure une fois de plus ton talent pour croquer en quelques lignes le portrait de tes personnages pour nous les rendre si vivant et si proche.<br /> <br /> <br /> Merci et bravo !<br />
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J
<br /> <br /> En fait, cette anecdote m'avait paru si extraordinaire (à mon échelle) que je n'ai pas pensé que le lecteur pouvait s'y attendre. Si j'avais écrit un texte de fiction, j'aurais sûrement songé à<br /> mieux dissimuler ce qui m'aurait alors semblé téléphoné, à moi aussi...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Oui, sais plus bien... et mon calembour alors ?<br />
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J
<br /> <br /> Il m'avait échappé !<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Samir... eh bien...<br /> <br /> <br /> Moi j'y pensais aux jumeaux, mais cela pouvait-il être autrement ? A part le dédoublement de personnalité, moins crédible (et beaucoup plus rare)...<br />
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J
<br /> <br /> Bah, et puis, je te l'ai déjà racontée cette histoire, non ?<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Moi je n'ai pas senti le "coup" du jumeau venir. Ca ressemblait plutôt à un remake perso de Cyrano de Bergerac. Et puis les gens sont souvent différents en tête à tête et avec d'autres gens.<br /> <br /> <br /> Je comprends ta réaction après "je n'aime pas les livres". Mais pas mal le baiser tout de même<br />
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J
<br /> <br /> Eh oui, presque 22 ans, et premier baiser échangé avec un mec : on avance, doucement mais sûrement !<br /> <br /> <br /> <br />